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Apport de vitamine D chez la femme enceinte : des os plus solides chez le nouveau-né ?
Les taux sériques de 25-hydroxyvitamine D (25[OH]D) des femmes enceintes influent sur la morphologie et la masse osseuse ultérieures de leurs enfants. D’où la recommandation fréquente d’apporter une supplémentation pendant la grossesse, émise dans de nombreux pays y compris le Royaume-Uni. Cependant, des résultats contradictoires quant à l’intérêt d’une telle prévention ont poussé une équipe britannique à mettre en place une étude multicentrique, randomisée contre placebo, en double aveugle, chez des femmes enceintes provenant de trois villes différentes (Southampton, Oxford, Sheffield). Les patientes éligibles, toutes adultes, devaient avoir un taux de 25(OH)D de 25 à 100 nmol/l entre 10 et 17 semaines de gestation. Elles ont reçu, soit 1 000 UI/j de cholécalciférol per os (n=565), soit un placebo (n=569), de la 14e semaine (en tout cas le plus tôt possible avant 17 semaines) jusqu’à la délivrance. Une évaluation du contenu minéral osseux des nouveau-nés a été faite par absorptiométrie biphotonique (DXA), 2 semaines après leur naissance dans tous les cas où cela a été réalisable, soit chez 65 % des 2 groupes d’enfants (n=367 et 370, respectivement).
La date de l’accouchement est importante
Si le taux plasmatique de 25(OH)D a augmenté significativement, à 34 semaines, chez les patientes supplémentées, aucune différence significative n’a été mise en évidence en ce qui concerne la masse osseuse des nouveau-nés, ce qui, de prime abord, pourrait condamner cette stratégie de prévention. Néanmoins, les auteurs ont remarqué une variabilité des effets de la supplémentation en vitamine D, en fonction de la saison durant laquelle s’est produit l’accouchement : chez les enfants nés en hiver, le contenu minéral osseux a augmenté de presque 10 % avec l’apport de vitamine D (p=0,04). De fait, les femmes ayant accouché en hiver avaient une concentration moyenne en 25(OH)D de 30 nmol/l à la 34e semaine, bien plus basse que celles des femmes ayant donné naissance en été ou à l’automne (taux de 50-60 nmol/l).
Ces résultats plaident donc pour une supplémentation par la vitamine D « à la carte » des femmes enceintes, les enfants de certaines, mais pas de toutes, pouvant bénéficier de ce traitement préventif. C’est notamment le cas pour certaines populations qui sont connues comme à risque d’insuffisance, voire de carence en vitamine D : résidence dans des régions peu ensoleillées, femmes recluses ou voilées, ayant une peau sombre, obèses, etc. Enfin, il faut souligner que les patientes incluses dans cet essai, avaient un taux de vitamine D, soit insuffisant soit normal, mais n’étaient en aucun cas en carence vitaminique (taux <25 nmol/l) ce qui va également dans le sens d’un bénéfice de l’apport de vitamine D seulement lorsque le besoin existe.
Dr Charlotte Homberg et Dr Patricia Thelliez